En route vers Ste-Quequepart avec Moonfruits

Le mois dernier, j’ai vu le duo Moonfruits en spectacle. Les artistes Kaitlin Milroy et Alex Millaire m’ont vraiment impressionné, pour ne pas dire complètement captivé sur scène. Alex est originaire de Sudbury mais a grandi et vécu la grande majorité de sa vie à Ottawa. Kaitlin est originaire d’Oakville et habite Ottawa depuis les dix dernières années.

Quand avez-vous débuté votre carrière dans le domaine de la chanson?

Kait : Alex avait mené plusieurs formules dès l’âge de 16 ans, mais nos carrières musicales ont commencé d’aplomb avec la création de Moonfruits en 2013.

Pourquoi le nom « Moonfruits » ?

Alex : On t’offre deux explications, la première réaliste, la deuxième mystique – qui sait, il y en aura peut-être d’autres dans le futur! Lorsque Kaitlin était petite, elle aimait inventer des noms pour des choses et « Moonfruits » c’est le nom qu’elle donnait aux champignons, comme ils poussent par la lueur de la lune. On cuisinait un ragoût dans les premières semaines de notre cohabitation et Kaitlin m’avait posé la question « Tu sais c’que ce ragoût-là a besoin?’ et les deux, on a répondu ensemble Moonfruits. C’est à ce moment qu’on a songé au nom comme nom de groupe, quoique la première fois que je nous ai présentés sur scène « On est Moonfruits » est plutôt sorti comme « On est Moonfruits ?? ».

L’explication d’ordre plus mystique est venue lorsqu’on était en Espagne. On s’était fait demander de participer à une émission radio à une station catalogne anarchiste et, là aussi, on s’est fait demander l’origine du nom. À ce point-là, Kaitlin a retroussé ses manches et a expliqué, tout en espagnol, que la lueur de la lune est en fait la lumière du soleil réfléchie par la lune. De la même manière, on vit nos vies dans notre société et les chansons de Moonfruits y deviennent la réflexion de ces expériences. Je suis resté bouche bée. Cette explication est devenue notre point de repère lorsqu’on crée nos textes et nos chansons.

Pourquoi avoir choisi de chanter en français?

Kait : En fait, on chante en français et en anglais à présent, mais il y a de fortes chances qu’on s’exprime dans d’autres langues aussi. On a déjà tous les deux chanté dans plusieurs langues dans des chorales. Mais pourquoi le français en particulier? Alex a grandi dans une famille franco-ontarienne et j’ai suivi un parcours de bilinguisme tout au cours de ma vie, en passant par le programme d’immersion du district de Halton – dans le coin d’Oakville, ma ville natale –, le programme EXPLORE de l’Université Western et en enseignant dans une école de langue. De chanter autant en français qu’en anglais était bien naturel pour nous, quoiqu’on n’a pas su mélanger les deux dans une même chanson comme le font nos compères en folk bilingue, Georgian Bay et le grand Jean Leloup.

Comment décrivez-vous la musique de Moonfruits?

Alex : Notre musique tombe sous l’ombrelle folk dans le sens large du terme. On y retrouve des éclats de blues, de rock, de gospel, de bluegrass, de classique mais l’essentiel pour nous, et carrément le cœur de notre son, est l’harmonie des voix et l’intention qu’on y porte.

Je vous ai vus en duo ainsi qu’en quatuor. Vous variez selon la scène?

Kait : Absolument. Le noyau de notre son est Alex et moi, mais on aime inviter nos amis musiciens sur scène autant que possible.

Alex : Notre rêve est toujours d’être en formule plus large afin de faire voyager nos auditeurs encore plus loin, mais – on se permet une divulgation complète – d’être flexible au niveau de la formule est vraiment une tactique de survie pour le groupe.

Vos textes présentent des personnages fictifs dans différents contextes sociaux. Considérez-vous que vous faites de la chanson engagée?

Alex : On essaie! On cherche à aborder l’écriture de manière à faire relater l’auditeur au personnage ou à la situation présentée. L’allégorie pointe toujours vers le réel.

Le concept de votre album Ste-Quequepart est venu d’où?

Alex : On était en voyage de lune de miel quand s’est concrétisée l’idée d’un village, d’un «everywhersville», comme on dirait en anglais. On voyait beaucoup de troubles socio-économiques d’ici au Canada reflétés dans la vie outremer, alors on a décidé de créer Ste-Quequepart, un village atteint des aspects plus pernicieux de la vie moderne – précarité d’emploi et de logement accrue, écart socio-économique à la hausse, âge de retraite repoussée, dépression, isolement – mais de souligner la force des personnages qui y habitent. De cette manière, Ste-Quequepart est un album d’espoir, mais avec une forte touche du sombre, du pince-sans-rire et du réel.

Kait : Ste-Quequepart n’est pas une histoire strictement narrative. Elle se dresse plutôt en portraits de dix personnages qui nous partagent leurs points de vue dans leurs chansons. Depuis la sortie de l’album, de nouveaux personnages sont apparus dans le village voulant donc dire que de nouvelles chansons et histoires nous accompagnent sur scène ces jours-ci.

Qu’est-ce qui vous inspire pour écrire vos chansons?

Kait : La vie de tous les jours, la conversation …

Alex : … les manchettes ou des riens du tout.

Qu’est-ce que vous écoutez comme musique en ce moment?

Alex : Pour nous, le silence est une terre fertile de création. Ni un ni l’autre a même de iPod ou de tounes sur son téléphones. Ce étant dit, on se paye la traite dans l’auto en voyageant pour nos shows et ces temps-ci, on spin pas mal Spoon, Fleet Foxes, Kaia Kater, Menoncle Jason, Georgian Bay, Kyra Shaughnessy, Rihannon Giddens, Leif Vollebekk, Gil Gilberto et Caetano Veloso.

Quels sont vos projets dans les prochains mois?

On planifie présentement une tournée Québec-Ontario-Manitoba pour février-mars et on a bien hâte de jouer au Manitoba pour la première fois!

Vous pouvez suivre le duo sur le web, FacebookInstagram et Twitter.

2 réflexions sur “En route vers Ste-Quequepart avec Moonfruits

Laissez un commentaire