14 questions pour Laurent Lasalle

Laurent Lasalle

Depuis quelques semaines, nous avons une nouvelle série d’entrevues avec des créateurs de contenu et des entrepreneurs. Aujourd’hui, nous avons décidé de vous présenter une entrevue avec un créateur de contenu qui est bien connu au Québec pour ses chroniques à Musique Plus, Radio-Canada et bien sûr Le Jeu c’est sérieux : Laurent Lasalle.

 

Tu viens de quelle région?

Des Laurentides, plus particulièrement Saint-Jérôme.

 

Depuis combien de temps œuvres-tu dans le milieu des médias sociaux?

J’œuvre sur le web depuis 1998. Alors selon ce qu’on entend par médias sociaux, on peut dire que je suis là-dessus avant même la popularisation du terme. Si on préfère parler carrément des plateformes, la première que j’ai jointe est probablement MySpace à ses débuts en 2003.


Tu as travaillé à Radio-Canada, Musique Plus, peux-tu me donner une idée de ton parcours?

En 2010, j’avais un blogue sur lequel je traitais de sujets variés, mais plus particulièrement de technologie. Professionnellement, j’étais designer web à mon compte.

On m’a convoqué à Radio-Canada pour parler de ce qui allait remplacer Le Carnet Techno de Bruno Guglielminetti, et c’est après une bonne demi-heure de discussion avec Dominique Gagné, la directrice responsable du projet, que j’ai appris que j’étais en train de passer une entrevue pour être l’un des blogueurs. Je croyais qu’on évaluait la possibilité que je travaille à la conception de Triplex (le nouveau blogue en question), non pas à la rédaction. C’est l’événement qui m’a essentiellement fait changer de carrière.

Pour ce qui est de MusiquePlus, un ami (Jordan Chénard) m’a invité à prendre une bière au Benelux avec Denis Talbot et François Lapierre-Messier. À l’époque, M. Net avait mis en place le concept des débats les vendredis. Denis m’a donc invité à y participer, à l’essai, probablement parce que j’étais articulé, passablement obstineux, passionné de jeu vidéo, et blogueur à Radio-Canada.

 

On peut te voir dans Jokes de Papa. Est-ce ton projet? Comment ça fonctionne comme production?

Jokes de Papa était l’idée de Kévin Marquis de Gaboom Films. Guiz et moi s’étions récemment lié d’amitié avec lui et son collègue Andrew Tchernilevskii, et puisque nous les avions invités à participer à deux vidéos de notre chaîne, ils voulaient essayer ce concept avec nous.

Gaboom Films voulait donc reprendre la formule Dad Jokes popularisée par All Def Digital, comme un paquet d’autres chaînes YouTube l’avaient fait auparavant, mais en français. Jamais personne ne croyait que ça allait lever à ce point.

En ce qui concerne la production, c’est plutôt simple : on cherche les blagues chacun de son côté, en secret, et on les fusille à tour de rôle dans un tournage à 3 caméras. Bien sûr, le montage aide à rendre le tout plus divertissant, parce que dans les faits, il y a beaucoup de temps mort. Faire un Joke de Papa live, il faut goaler, parce que ça devient dull assez vite.

 

Est-ce que le nouveau monde des influenceurs c’est quelque chose qui s’éteindra dans quelques années ou bien est-ce un mouvement qui est là pour rester?

Les influenceurs ont toujours existé, et ça ne disparaîtra pas. Le Web a simplement démocratisé l’accès à ce rôle, de sorte que ce n’est plus Céline Dion qui tente de nous faire boire du Coca-Cola, mais Alicia Moffet, Noémie Lacerte, PO Beaudoin, Marina Bastarache et PL Cloutier : des personnalités issues du web qui importent aux yeux des plus jeunes. Je comprends mal pourquoi certaines personnes leur crachent dessus alors qu’ils n’ont jamais craché sur les vedettes des médias traditionnels pour ces raisons.

 

Sur quels projets travailles-tu en ce moment?

Le Jeu C’est Sérieux m’occupe à temps plein. Je partage mon attention entre Twitch, qui demande moins d’effort que de monter de la vidéo, et YouTube, dont le résultat est moins éphémère.

Je suis aussi de l’équipe de Moteur de Recherche, une émission animée par Matthieu Dugal sur ICI Radio-Canada Première qui porte sur la consommation, la technologie, la science, l’environnement et la santé.

Enfin je participe à Radio-Talbot, le successeur spirituel de M. Net, chaque semaine sur Twitch, et j’écris aussi pour le blogue de Pèse sur Start.

 

Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a eu une profonde influence positive sur toi dans ta vie?

Mes influences changent au gré des années. Denis Talbot, Sophie Lambert, Kevin Rose et Leo Laporte pour le côté techno jadis. Catherine Mathys et Samuel Archibald parce que je ne m’exprimerai jamais aussi bien qu’eux. Claude Rajotte, Rebecca Makonnen, Nicolas Tittley, Catherine Pogonat et Alexandre Courteau pour la musique. J’ai un grand respect pour tous ceux qui oeuvrent à la radio et la télévision, mais je ne saurais pas identifier quelqu’un qui a eu une « profonde » influence positive sur moi, outre mes parents.

 

Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années alors que tu revenais du Japon. Est-ce que tes voyages au Japon ont été mémorables?

J’ai adoré le Japon, et si j’avais les moyens de me payer un autre voyage (et le temps de prendre des vacances), j’y retournerais volontiers. Ce que j’ai préféré est que c’est le dépaysement le plus total, mais dans un environnement urbain familier. Cette contradiction qui te laisse quelques repères tout en t’imposant l’aventure.

 

 

Que lis-tu? 

Je n’accorde pas suffisamment de temps à la lecture, mais lorsque je le fais, j’aime parcourir des références sur l’histoire des jeux vidéo, comme Game Over de David Sheff et la série L’Histoire de Nintendo de Florent Gorges.

 

Quels types de musique préfères-tu?

Je suis très éclectique lorsqu’il est question de musique. J’ai eu une solide passe post-rock que je traîne toujours avec moi (Tortoise, Explosions in the Sky, Do Make Say Think, Fly Pan Am), qui vire krautrock / pop à l’occasion (Stereolab, Imitation Electric Piano, Electrelane, Pizzicato Five) ou psychédélique (Tame Impala, The Black Angels) et électronique (Boards of Canada, Caribou, Add N to X, Autechre, Plaid, Lali Puna, Psapp, Misteur Valaire). J’ai un côté indie rock (We Are Wolves, Mowmow Lulu Gyaban, Of Montreal), un côté plutôt blues rock (The Black Keys, The White Stripes, Modest Mouse), un côté funk (The Poets of Rhythm, The Whitefield Brothers, Menahan Street Band), un côté folk presque country (Jenny Lewis with the Watson Twins, Mother Mother).

Chose certaine, je suis clairement pas à jour. Toute la musique que je connais, je l’ai découvert lorsque je produisais mon podcast musical. Mais maintenant que mon attention est portée sur les jeux vidéo, je n’ai plus vraiment le temps d’investir cette exploration.

 

Quel est ton festival de musique préféré?

J’ai assisté à plusieurs reprises à Osheaga, mais la configuration du site m’a toujours agacée. Je suis déjà allé au Governors Ball à New York en 2016, que j’ai préféré pour son nombre de scènes réduites (de mémoire, il y en avait 3 ou 4), mais mon expérience se limite à ça. Faux, il y a eu aussi Pop Montréal, mais il est de toute autre envergure. Bref, je crois que je manque d’expérience pour en vénérer un plutôt qu’un autre. C’est surtout une question du choix des invités j’ai l’impression.

 

Quel est ton artiste francophone canadien préféré?

J’aime Paul Maco, qui est plus un entrepreneur qu’un artiste francophone à proprement parler. Il est derrière les pièces «La nuit j’m’accroche à toi» et «Si au moins j’étais deux» utilisées dans les campagnes de Lait en 2005-06.

Sinon, Fly Pan Am, ça compte-tu? Ils font de l’instrumental, mais les titres de chansons sont en français.

Tricot Machine, quand on l’avait pas entendu à outrance, c’était bon. Cœur de Pirate, quand on venait de découvrir ça, c’était bon. J’ai eu ma passe de Jean Leloup, de Numéro, de Geneviève et Matthieu, et plus récemment Lydia Képinski.

Je sais pas, on dirait que pour ce qui est de la musique francophone canadienne, je me tanne plus vite que pour le reste. Je préfère Stereolab (le tiers de leurs chansons, voire plus, est en français), Holden, Stereo Total, Yelle, Barbara Carlotti, et j’en passe.

 

Quel artiste francophone aimerais-tu voir en spectacle?

Julie Masse. Je suis sérieux.

 

D’après ta présence dans les épisodes de Le Jeu c’est Sérieux, tu sembles aimer le jeu vidéo? Aimes-tu vraiment ça? Et pourquoi?

J’aime autant les jeux vidéo que l’industrie derrière. En fait, je pense que j’aime surtout son histoire, ses débuts, l’époque où quiconque avec des aptitudes en électronique pouvait concevoir et créer une machine qui allait établir sa propre norme, et affecter la vie de millions de personnes. Du matériel créé par amour, et par une petite équipe. On retrouve un peu cette passion derrière les jeux indépendants également, qui peuvent se permettre d’explorer plus loin que les satanées conventions répétées mille fois par les gros éditeurs.

 

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