Une entrevue avec Daniel Groleau Landry qui lancera son premier EP cette semaine.
Quand as-tu commencé ta carrière dans le domaine de la chanson?
DGL : Je joue de la musique depuis l’enfance. Ma famille est très musicale! Ça l’a commencé comme quelque chose qui nous rassemblait, et dont j’ai fait l’expérience à l’école également. Ça m’a pris un petit bout avant que je décide de me lancer en tant qu’auteur-compositeur-interprète. J’ai déjà eu d’autres projets musicaux pour le trip, mais ça fait depuis 2015 que je me prépare à entamer une carrière en tant qu’artiste solo. J’ai une formation en théâtre et j’ai beaucoup apprécié les cours d’histoire de l’art et ceux qui portaient sur la sémiologie / les symboles. Au début je voulais être acteur, puis metteur en scène, pis après ça je voulais avoir une boîte de production, mais j’ai vite réalisé que ma passion c’est d’être sur scène devant les gens et de partager ma voix; tant au niveau du chant qu’au niveau de la poésie. C’est survenu parce que de 2012-2016 j’ai fait énormément de performances littéraires et ma poésie fonctionnait bien (même si j’ai eu des défis de parcours) et je tiens à perpétuellement élargir mes horizons artistiques. Je me considère comme artiste multidisciplinaire avant tout, puis poète, puis guitariste, et enfin chanteur. J’aime avoir une variété dans ma démarche car les différentes disciplines se nourrissent sans cesse.
Est-ce que l’initiative Rond Point a été bénéfique pour toi?
Les résidences Rond Point ont été des expériences bénéfiques pour moi de plusieurs façons différentes. C’était une expérience bénéfique tant au niveau de l’approche envers la composition, l’interprétation et le travail studio qu’une occasion d’évaluer ma motivation intrinsèque envers ma démarche artistique. L’équipe de l’APCM a fait un excellent travail pour nous encadrer avec cette initiative.
J’ai adoré travailler avec Manuel Gasse, que je me dois de remercier, car il m’a lancé plusieurs défis dont l’issue a été fructueuse. J’ai beaucoup apprécié les commentaires d’Anique Granger, qui nous a aussi appuyés dans la révision de nos paroles. Il était question de remanier et perfectionner certains passages et ça m’a conduit à écrire les paroles finales de deux singles dont je suis fier, Saboteur et Chant Lunaire.
L’occasion de performer au Festival franco-ontarien devant près d’un millier de personnes en juin était une vitrine merveilleuse et la résidence studio au mois d’août m’a réchauffée un peu avant d’embarquer plus concrètement dans mon projet studio avec Shawn Sasyniuk, co-réalisateur du premier EP solo.
De plus, avoir l’occasion extraordinaire de gagner deux prix et donc de pouvoir participer à deux résidences supplémentaires dans la cadre du Festival en chanson de Petite-Vallée et du Festival international de la chanson de Granby confirment que je travaille dans le bon sens et qu’il y a de belles choses à l’horizon.
Pourquoi chantes-tu en français?
Je suis un franco-canadien issu du Nord de l’Ontario, établi à Ottawa depuis un peu plus de dix ans. Je suis engagé envers la francophonie à plusieurs égards. Premièrement et comme artiste, je crois sincèrement que créer en français et de s’assumer pleinement dans une démarche originale, c’est une façon de protéger mon identité culturelle et de permettre à ceux qui participent à mon univers de s’épanouir un peu. Je suis engagé, tant au niveau professionnel (par l’entremise de contrats passés à TFO, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et la FESFO) qu’au niveau politique. Je suis membre du CA de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français depuis près de cinq ans maintenant et je continuerai certainement à m’impliquer en tant que bénévole après la fin de mon mandat cette année.
Somme toute, j’ai toujours été un grand amateur de culture franco-canadienne et j’espère contribuer à sa diversité et son épanouissement, car elle m’a permise en grande partie de m’actualiser dans le réel. La démarche de grands artistes comme Jean Leloup, Mehdi Cayenne, Stef Paquette, Patrice Desbiens, Konflit Dramatik, Pandaléon, Edouard Landry, Moonfruits, Éric Charlebois, Michel Dallaire, Antoine Tremblay Beaulieu (et j’en passe beaucoup) m’ont démontré que c’est possible de trouver sa niche dans la diaspora francophone, de s’assumer pleinement et trouver une mesure de succès populaire. Si je fais ce que je fais aujourd’hui, c’est grâce à des artistes comme eux qui ont élargi le champ des possibles et m’ont inspiré.
Comment décris-tu ta musique?
Ça dépend de la chanson. Somme toute, je nommerais ça du space rock progressif! Du art rock, peut-être? Il y a des influences folk aussi là-dedans.
Quel est ton processus de création? Musique ou paroles en premier?
La musique en premier. Ce sont souvent des riffs de guitare qui sont à la base de mon approche. Après ça, j’écris des paroles qui marchent avec l’atmosphère. Je me laisse emporter par mon intuition. Une fois la première mouture écrite, je révise avec mon bassiste et précieux collaborateur, Xavier Bélanger. On intègre les lignes de guitare, basse et voix avec les percussions par la suite. Ensuite je peaufine à l’infini.
Parle-moi de ton premier EP qui sera lancé le 22 avril à Ottawa.
Chants Lunaires est un EP qui a été conçu parallèlement avec mon troisième recueil de poésie, Fragments de ciels. Il y a cinq chansons sur le EP. Vocation, est influencée par le blues et le rock progressif a un refrain langoureux qui exprime un sentiment d’obsession avec l’Art et création continue. Saboteur parle des problèmes de l’incertitude en relation amoureuse et du fait qu’on est parfois son propre pire ennemi. Cosmos, une chanson adaptée d’un poème clé de Rêver au réel (mon premier recueil) parle de la poésie universelle, louange la beauté de la vie et exprime que cette beauté est souvent source de souffrance. Chant Lunaire, plus upbeat comme chanson, parle de la hantise d’avoir une parole à exprimer qui est donnée comme un cadeau sacré par ce même univers évoqué dans Cosmos, et de la déconnexion que peut ressentir l’artiste face à la réalité. Chant Lunaire Pt.2, une toune rock plus heavy, joue sur le contraste de couplets doux, qui évoquent une difficulté de rester connecté en amour quand l’artiste est perdu quelque part sur la lune. C’est aussi une chanson qui parle de l’émancipation de cette obsession artistique comme quitter une relation abusive (concept similaire à la toune 25 to Life sur l’album Recovery d’Eminem).
L’album est lié au recueil dans certaines thématiques qui me sont propres, comme l’existentialisme, les blessures psychiques du réel sur l’affectif intime et des tableaux anecdotiques qui ancrent ces choses à l’extérieur de moi-même. Ça donne un portrait complet de mon univers.
En quoi est-il teinté de rock progressif?
Les structures de chansons sont non-conventionnelles selon le gabarit pop. J’aime beaucoup les œuvres plus longues et le post-rock, le shoegaze et le fingerstyle acoustiques m’inspirent énormément. J’imagine que le terme catch-all pour ce type de rock est le rock progressif.
Quels musiciens t’ont accompagné sur l’album?
Les musiciens qui m’ont accompagné sur l’album sont Shawn Sasyniuk (co-réalisateur et batterie) Xavier Bélanger (basse), Sam Depatie aux harmonies et Gab Savoie sur les claviers.
Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment?
Je viens de plonger dans les univers de Klô Pelgag et j’écoute perpétuellement du chillstep, du fingerstyle acoustique, du Marilyn Manson et du Coheed and Cambria.
Quels sont tes projets dans les prochains mois?
D’ici la fin de l’été il y a plusieurs choses qui se passent!
- Je commence la résidence en interprétation avec le FICG du 16 au 18 avril.
- J’ai mon lancement le dimanche 22 avril à Live! on Elgin, un bel événement hybride de poésie et de musique.
- Je serai au Salon du Livre du Grand Sudbury du 10 au 12 mai.
Je performe deux fois pendant mon séjour, à la guitare le vendredi soir ainsi qu’à la grande soirée poésie du samedi. - J’ai aussi une prestation avec Solovox, une série de spectacles poétiques à Montréal le 25 avril.
- La résidence en interprétation du Festival en chanson de Petite-Vallée se déroule du 8 au 14 juillet.
- J’ai une subvention du Conseil des arts de l’Ontario pour terminer l’écriture de mon 4e livre, d’ici septembre. Il s’intitule Révoltes et Vertiges. Ça avance bien.
- La demi-finale du FICG c’est au mois d’août, et j’ai très hâte!