Pour souligner la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2020, nous avons décidé de parler avec huit femmes auteures-compositrices-interprètes d’un peu partout au Canada : Céleste Lévis (Ontario), Caroline Savoie (Nouveau-Brunswick), Rayannah (Manitoba), Michelle Campagne (Saskatchewan), Emma Beko (Québec), Gab Godon (Québec), Sophie Pelletier (Québec), Maryze (C.-B.).
Voici notre entrevue avec Maryze.
T’es née en quelle année et à quel endroit?
Je suis née en décembre 1991 à Vancouver.
As-tu toujours demeuré dans la même ville?
Seulement jusqu’à 17 ans! J’ai déménagé à Victoria pour l’université, après j’ai passé un an à Québec, pour ensuite revenir quelques années à Vancouver et finalement m’installer à Montréal en 2017.
Quelle est la différence entre Montréal et Vancouver?
Il y en a plusieurs mais je dirais que Montréal est beaucoup plus une ville culturelle axée sur les arts, alors que Vancouver pour moi représente la nature…l’océan, les montagnes, les grands espaces etc.
À l’école secondaire, quel genre de fille étais-tu?
J’étais pas mal emo haha! Mon école était assez sportive et je ne me retrouvais pas trop dans ce monde-là. J’avais des amis dans tous les cercles mais je me sentais le plus chez moi dans la chorale, dans mon “girls band”, et toute seule à rêver et écrire des chansons.
Quand est venu ton désir de faire de la musique?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire QUE de la musique. Mon père (qui est français) avait une émission de musique du monde à Radio-Canada dans les années 80 et ramenait des nouveaux albums chez nous à chaque semaine. Dès que j’étais toute petite il me les faisait découvrir, on dansait en les écoutant dans le salon, et j’apprenais les paroles dans plein de langues différentes. C’est peut-être ça qui a tout déclenché. La musique a toujours été la meilleure façon pour moi de connecter avec le monde autour de moi.
Qui t’a influencé en musique autant autour de toi que de la musique que tu écoutais?
J’ai grandi avec la musique pop-R&B contemporaine : Destiny’s Child, Justin Timberlake, Christina Aguilera… ces influences s’entendent encore dans ma musique je crois. J’ai aussi toujours été passionnée par les beats électroniques et la pop alternative avec des messages puissants d’artistes comme M.I.A et Lady Gaga.
Tu chantes en français et en anglais?
Oui! Depuis que j’écris, mes chansons ont toujours été dans les deux langues.
Comment composes-tu de la musique? Est-ce autour d’un ordinateur ou un café?
Je commence normalement juste en fredonnant une mélodie, ou un refrain me vient en tête en m’endormant et je me dépêche de me réveiller pour l’enregistrer. Souvent les mots sortent en cascade et j’essaye de tous les écrire avant qu’ils ne s’échappent. Ou bien je reviens à des vieux poèmes et je les mets en musique.
Tu as lancé un EP l’année dernière, peux-tu m’en parler?
Like Moons est mon premier EP solo. Avant ça je jouais dans des bands mais j’écrivais des paroles plus personnelles que je gardais en secret, qui se sont accumulées au fil des années. Il s’agit d’une première collection de ces chansons, des émotions fortes que je vivais en devenant une jeune adulte, souvent sur le thème de la santé mentale et comment elle affecte nos relations. J’ai aussi fait ma première tournée nord-américaine après sa sortie! Like Moons a déclenché un nouveau chapitre de ma carrière.
Tu as aussi enregistré un clip pour la chanson Dis-moi. Tu en as fait le concept?
Oui, mon premier clip en français! Il sort le vendredi 13 mars. J’ai développé le concept avec la directrice Amanda Macchia, qui est basée à Paris. On s’échangeait des idées sur Instagram avant de se rencontrer à Toronto pour tourner le clip. On voulait créer des visuels qui correspondaient bien au ton sombre et obsédant de Dis-moi. On s’est donc inspirées de vieux films d’horreur italiens comme Suspriria, qui sont troublants, plein de suspense, et plongés dans des néons de couleurs vives.
Comment pourrais-tu décrire ton style à toi?
Toujours difficile comme question, mais je décrirais mon style comme de la pop-R&B vulnérable et fougueuse, teintée d’électro. C’est un univers introspectif mais mouvementé, sombre mais qui garde espoir.
Le 8 mars, la Journée internationale des femmes se tient cette année avec le thème de l’égalité. Comment est cette égalité des femmes et des hommes en 2020?
C’est un défi qui se poursuit. En tant que femmes, on doit toujours se prouver et justifier notre place dans le monde (en musique et dans tous les domaines). Je crois qu’on est de plus en plus conscient de l’inégalité, et d’en parler c’est bien, mais il faut voir des preuves de réel changement. J’aimerai que les femmes, les personnes non-binaires, et les membres de la communauté LBGTQ puissent se sentir en sécurité n’importe où…il nous reste du chemin à faire.
Et dans l’industrie musicale, où en est l’égalité?
Il existe encore beaucoup d’abus de pouvoir et une culture de harcèlement, surtout (dans mon expérience) entre les chanteuses et les producteurs. C’est injuste parce tout ce qu’on veut faire c’est de créer de la musique et de la sortir dans le monde, et il y a déjà tellement d’obstacles à franchir dans l’industrie, mais là en plus on doit être sur nos gardes quand on essaye tout simplement de travailler. On devrait tous avoir droit au même niveau de respect et de se faire prendre autant au sérieux.
Quelles sont les femmes que tu admires, des gens qui t’ont influencé (dans tous les domaines)?
Je dois dire que je suis très chanceuse dans ma vie d’être entourée de femmes fortes qui ont cru en moi et m’ont encouragé de monter sur scène. Ma mère est une personne incroyable qui ferait tout pour les gens qu’elle aime. C’est une femme de carrière qui a réussi à poursuivre ses rêves tout en se dévouant à sa famille et ses amis et je l’admire beaucoup pour ça. Il y a aussi ma gérante Sarah Armiento qui a lancé sa maison de gérance Hot Tramp l’an dernier et qui est la travailleuse la plus acharnée que je connaisse. Elle m’encourage à me donner à fond et de croire en moi-même. Finalement je vais renommer Lady Gaga, pour son courage et son constant message d’amour et d’acceptation de soi. Il y a plusieurs artistes qui font la promotion de ce genre de message, mais avec elle on ressent que c’est vrai. Son style d’écriture et l’honnêteté de ses paroles m’inspirent.
Quel est l’événement qui t’as le plus marqué dans ta vie, tellement que ceci a influencé une chanson ou un tournant dans ta carrière?
Je ne peux pas choisir un seul événement qui m’a le plus marqué, mais un moment important dans ma carrière portant sur l’égalité dans l’industrie musicale était la sortie de mon single “Men Like You” avec mon amie et collaboratrice Ciele. On a écrit la chanson ensemble sur les expériences de harcèlement et d’abus sexuels dans notre domaine. On s’est senti extrêmement vulnérables en partageant notre histoire publiquement, mais l’expérience est devenue une des plus gratifiantes de ma vie. De nombreuses voix se sont élevées autour de nous pour partager leurs histoires semblables et on avait l’impression de participer à quelque chose bien plus grand que nous. Depuis, je me sens davantage puissante et soutenue par ma communauté.
Que représente pour toi la langue française?
Mon identité, ma famille, mon expression. Le français m’a ouvert tant de portes dans ma carrière et ma vie personnelle, et m’a permis de tisser de magnifiques amitiés.
Quels sont tes projets en ce moment?
Je suis en train d’écrire mon premier album complet ! Je travaille avec plein de producteurs(trices) hyper talentueux et j’ai vraiment hâte de partager ces collaborations. Aussi, je pars de nouveau en tournée sur la côte ouest des États-Unis et du Canada en avril. Vous pouvez vous attendre à entendre de nouvelles chansons lors des prochains spectacles :).
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